Pourquoi les journalistes seniors n’ont pas parlé du passage de Kémi Séba en Haïti?

Pourquoi les journalistes seniors n’ont pas parlé du passage de Kémi Séba en Haïti?
Le passage de Kémi Séba en Haïti, entre mai et juin 2025, a suscité un vif intérêt sur les réseaux sociaux et dans certains médias alternatifs. Pourtant, un silence relatif a régné du côté des journalistes dits « seniors », ceux qui occupent les grandes tribunes médiatiques nationales et internationales. Pourquoi cette absence de couverture? Plusieurs pistes peuvent être envisagées.
- Un discours trop clivant pour les médias traditionnels
Kémi Séba est une figure du panafricanisme radical. Lors de sa visite, il a dénoncé l’oligarchie haïtienne, les puissances occidentales, et même la mission multinationale dirigée par le Kenya, qu’il qualifie de prolongement du néocolonialism. Ce type de discours, bien que populaire auprès de certains jeunes et militants, est souvent jugé trop polémique pour les médias traditionnels, qui préfèrent éviter les sujets susceptibles de diviser leur audience.
Une couverture médiatique dominée par la crise sécuritaire
Au moment de sa visite, Haïti était en proie à une recrudescence de violences liées aux gangs. Les rédactions ont peut-être choisi de concentrer leurs ressources sur la couverture des affrontements, des déplacements de population et des opérations de la MMSS, reléguant ainsi les événements culturels ou politiques secondaires au second plan.
Une méfiance institutionnelle envers Kémi Séba
Déchu de la nationalité française en 2024 et souvent accusé de suprémacisme noir, Kémi Séba reste une personnalité controversée. Certains journalistes seniors, soucieux de leur crédibilité ou liés à des lignes éditoriales prudentes, peuvent avoir choisi de ne pas relayer ses propos pour éviter toute polémique.
Une fracture générationnelle dans le traitement de l’information
Alors que les plateformes comme YouTube, Telegram ou TikTok ont largement relayé ses discours et ses rencontres avec des chefs de gangs⁽⁴⁾⁽⁵⁾⁽⁶⁾, les médias traditionnels, souvent dirigés par des journalistes plus âgés, peinent parfois à capter les signaux faibles de l’actualité émergente. Ce décalage peut expliquer pourquoi des événements perçus comme majeurs par une partie de la population passent inaperçus dans les grands journaux.
Le silence des journalistes seniors sur le passage de Kémi Séba en Haïti n’est pas nécessairement une censure, mais plutôt le reflet d’un écart entre les priorités éditoriales, les sensibilités politiques et les dynamiques générationnelles. Pourtant, dans un pays où la souveraineté, l’identité et la justice sociale sont au cœur des débats, ignorer de telles voix peut aussi signifier passer à côté d’un pan important de la réalité haïtienne.
Écrit Par: Staël JEAN Juriste et Journaliste
Tel: 3829-8447/ 3326-4662
E-mail: Stadjy1251@gmail.com

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